Livres à lire... ou best-sellers à vendre ?

Publié le par Guy Bourguignon


Cette parole de Christian Bourgois1: "Etre éditeur consiste à publier des livres que les gens n’ont pas envie de lire" comme contrepoint à la "rupture" de monsieur Sarkozy en matière de politique du livre2 : un livre doit toujours trouver sa place dans le public (cf. brève du Canard enchaîné, supra): "[...] Ce qu’on sait moins, c’est que ça risque bientôt d’être pire. C’est à craindre depuis un certain déjeuner à l’Elysée lundi dernier. Le président de la République y avait invité le bureau du Syndicat National de l’édition (SNE) [...]   et après les lieux communs désormais d’usage des uns et des autres (”On publie trop de livres”), Sarkozy a commencé par bousculer les éditeurs. Fidèle à son goût de la provocation, il a saisi la perche involontairement tendue par Françis Esménard qui entendait distinguer les livres littéraires des autres :”Sortez un peu de votre poussière et de Saint-Germain-des-Prés !” . Puis il leur a demandé de réfléchir aux moyens d’assurer une meilleure place au livre à la télévision. Dans les programmes et par la publicité. [...] Certains des participants à ce déjeuner ont eu l’impression d’entendre parler Bernard Fixot par la bouche du président. Il faut dire que celui-ci, qui est son ami et son éditeur (Témoignage), promeut depuis des années ses best-sellers essentiellement à la radio et qu’il a toujours plaidé pour qu’il en soit de même à la télévision. Fixot était absent à ce déjeuner mais ses idées étaient les plus présentes. [...] ".

Deux visions - antinomiques - du livre, de la culture3, du monde...

Chaque amoureux de la littérature sait bien que l'importance d'un livre ne se juge absolument pas à son chiffre de vente... Tant d'oeuvres essentielles à mettre tellement de temps à se faire connaître - du plus grand nombre; écrivains pour écrivains....

Que le président soit inculte et barbare, c'est une chose: qu'il abuse de son pouvoir pour détruire tout ce qui n'est pas divertissant et rentable - c'est un risque majeur et réel.



Et hommage à Christian Bourgois (éditions Bourgois et 10-18, notamment): pour moi c'est Burroughs et Tolkien, Foucault et Grands détectives, Borges et Gombrowicz... Et des livres si beaux qu'ils donnent envie de classer sa bibliothèque par collections...



1 - citée par Pierre Assouline dans son blog La République des Livres (Un éditeur disparaît, 21 décembre 2007)
2 - toujours chez Assouline, De la publicité pour les livres à la télévision, 13 décembre 2007). A lire pour réfléchir aux conséquences potentiellement dévastatrices de cette mesure. Mais après tout, la lecture c'est de la branlett(r)e pour intellectuel de gauche, non ?
3 - les milieux culturels s'inquiètent des futurs budgets de leur Ministère de tutelle: la rumeur d'une sélection par activités ou spectacles "rentables" et "populaires" - loin de cette fameuse culture élitiste et gauchiste, encore ! en fait frémir plus d'un....

Publié dans Coins et Clous

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