Oui à la drogue !

Publié le par Guy Bourguignon



Réjouissons-nous, la Guerre à la Drogue est déclarée ! comme tous les six mois (l'été sans nouvelles des médias1). D'autres que moi ont défendu – pour ne pas dire prôné - la drogue : rien à ajouter ici à cette apologie2. En revanche, il y a beaucoup à dire sur la présentation médiatique – reflet sans distance de la politique répressive des gouvernements – de la drogue: le nombre de bêtises rapportées sur le sujet est proprement hallucinant – journalistes et politiciens ne boivent pas que de l'eau, visiblement.
Mais passons.
Pour en revenir à ce graphique aimablement publié par la Tribune de Genève (26 juin 2007). On peut ainsi se demander quel autre problématique que la drogue serait capable de susciter autant d'intérêt et d'articles alors qu'elle ne concerne que 0.6 % de la population (oui: 0.6 %) - au pire 4 % pour le cannabis... Pourquoi ne pas laisser ces gens tranquilles ? Les milliards du trafic, répondez-vous ? Argument en faveur de la légalisation, justement. Qui amènerait aussi de l'argent au Trésor. Car pour lutter – parfois jusqu'à la peine de mort contre des fumeurs de haschich ! contre ces 0.2 à 4 % de la population, les moyens engagés coûtent cher, très cher, et pour pas grand'chose. Dans nos démocraties occidentales où – bénies soient-elles ! - le « petit consommateur » ne risque plus de grosses peines, la lutte policière et judiciaire contre la drogue est une pure perte de temps et d'argent. C'est qu'il faut rappeler, au passage, que ce n'est pas la drogue qui est criminogène en soi; le crime vient de l'absence de drogue (pour le consommateur) et de son illégalité (pour le vendeur). Tous les efforts consacrés aux politiques répressives en matière de drogue ne servent à rien (le cas de la France, en Europe, est exemplaire), sinon à dilapider des moyens qui manquent ailleurs – notamment en ce qui concerne les policiers. A l'heure ou la lutte contre le terrorisme, le trafic d'être humain, d'animaux et d'espèces protégées, la contrefaçon et le piratage, entre autres priorités, manque cruellement et de moyens et de volonté politique, judiciaire et policière, cet absurde combat d'arrière-garde contre la drogue doit cesser. L'Etat doit cesser de contrôler la vie privée de citoyens majeurs, libres et responsables, et leur faciliter le mode de vie qu'ils choisissent.
Dites oui à la drogue !


1- Cf. en particulier Courrier international du 21 au 27 juin 2007
2- Le Net regorge de reproduction de la célèbre Lettre d'Antonin Artaud, par exemple ICI

Publié dans Exfolie

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