Ethique propre et slip sale: vive l'entreprise !

Publié le par Guy Bourguignon

Ethique et écologie sont devenues les priorités des entreprises - surtout les plus grosses multinationales: autrement dit, moins ces entreprises sont éthiques et écologiques, plus elles veulent nous persuader du contraire. Tant la conscience de leur rôle nuisible et destructeur s'étend chez les citoyens-clients.

Exemple en matière d'écologie: certifications bidons et publicités mensongères envahissent nos médias... Pour ne citer que celles-ci, Areva et EDF ou les constructeurs automobiles diffusent des pubs pleines d'air pur, de petits animaux et de jolies fleurs - sans rien avoir changé ni à leurs habitudes ni à leurs produits. Les déchets atomiques radioactifs s'entassent toujours pour 200.000 ans de contamination, les bagnoles polluent toujours autant sinon plus...


L'éthique n'est pas en reste - c'est même un créneau porteur, et pour une entreprise genevoise, gloire à nous ! se réjouit la Tribune de Genève (5-6 janvier 2008). Car le moins que l'on puisse dire, c'est que la Tribune ne s'embarasse pas (beaucoup) de précautions pour présenter les résultats de cette société - Covalence  - aux méthodes pourtant bien mystérieuses quant à leur aspect scientifique... McDonald's en tête dans le secteur divertissement et loisir ? cela peut "parfois surprendre"; Nestlé pass - e du 200e et dernier rang au 31e en un an ? "une entreprise vaudoise réussit une véritable performance" commente (!) la Tribune, qui cite le porte-parole de Nestlé: "En fait nous faisons depuis de longues années preuve d'un comportement éthique responsable dans nos activités. Il est réjouissant que cela soit parfois reconnu"... et surtout par les médias (populaires): quelle belle publicité gratuite pour Nestlé, grâce à la complaisante Tribune ! Parce que l'éthique de Nestlé, on peut la mesurer à son activité en Colombie, quelque part entre le colonialisme et l'esclavagisme:  cf. ATTAC, la Déclaration de Berne, Humanrights.ch (violation des droits de l'homme à l'été 2007), Amnesty ou encore Le Courrier... Tout ça, et quelques autres bricoles (l'eau, au hasard !) n'empêche pas la vertueuse et éthique Nestlé de progresser de 169 places cette année: la Tribune mérite bien des publicités Nestlé et Nespresso en 2008 !



(extrait de l'article cité, Tribune de Genève, 5-6 janvier 2008)


Mais peu de médias se mêlent d'importuner les entreprises, a fortiori multinationales, a fortiori suisses... On rêverait d'une enquête cherchant à déterminer comment fonctionne Covalence (qui est une S.A. et donc recherche le profit avant tout), avec quelle indépendance, quel argent, etc... ? On rêverait d'en savoir plus sans avoir à faire le travail nous-mêmes: la Tribune aurait pu lire la veille cet article du NouvelObs.com (4 janvier 2008) et s'interroger sur la 3e place d'IBM  au classement éthique:



[...] Une centaine d'habitants de deux villes de l'Etat de New York ont déposé plainte jeudi 3 janvier contre IBM, l'accusant d'avoir enfoui des déchets toxiques pendant près de 80 ans près de son usine d'Endicott, où le géant de l'informatique a vu le jour.
Ces habitants des villes d'Endicott et d'Union affirment qu'entre 1924 et 2002, date de la vente de l'usine, IBM a enfoui du trichloroéthylène, du tetrachloroéthylène et d'autres produits chimiques dans le voisinage du site. Ces substances provoqueraient des malformations natales ou des cancers. [....]


Plus encore, on aimerait que les médias mettent l'accent sur l'inquiétant développement de ces agences de notation basées sur le principe des agences de notation bourisères et financières; or le fonctionnement de celles-ci (financées par leurs clients, parfois même juge et partie...) a entraîné de nombreux scandales - la crise des subprimes étant la dernière en date. On le voit, ces agences fonctionnent de manière opaque et sont peu indépendantes: ce sera sans doute la même chose en matière d'écologie et d'éthique - on aimerait en savoir plus sur Covalence, je le répète, et peut-être lui laisser le bénéfice du doute1... Car il est à craindre que ces entreprises ne soient qu'un pas de plus dans la confiscation généralisée de la démocratie: il me semble que c'est aux institutions démocratiques - et plus particulièrement parlementaires - de jouer ce rôle d'agence de notation: surtout dans les domaines de l'éthique et de l'écologie; c'est au politique de reprendre - enfin - le contrôle sur l'économique....



Epilogue:
Heureusement, les médias ne font pas partie des plus grandes capitalisations boursières: ce qui leur épargne de figurer au classement des entreprises éthiques...






L'article de la Tribune de Genève:






































1 - cf. Agoravox, Humanitaire.ws, Etat de Genève...

Publié dans Presse-Purée

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article